En effet, pour répondre aux besoins urgents du marché en matière de main-d’œuvre qualifiée et pallier en amont l’insuffisance de compétences pratiques chez les jeunes apprenants des Centres de formation professionnelle, le programme FoRCE a adopté le dispositif du chantier-école comme modalité principale pour la construction des infrastructures au sein de ses structures partenaires. Cette approche est d’autant plus pertinente que les centres de formation peinent souvent à trouver des entreprises qui acceptent d’accueillir et d’encadrer les apprentis ou stagiaires en formation par alternance, en particulier dans les métiers de la construction.
Les résultats sont déjà tangibles : en 2023, onze ouvrages ont été réalisés sur un total de vingt-cinq (25) ouvrages ayant fait l'objet d'études techniques. De plus, les chantiers-écoles offrent de nombreux avantages supplémentaires tels que l’acquisition de compétences directement applicables, l’expérimentation des conditions réelles de travail, des opportunités de réseautage ainsi qu’une expérience de l’organisation du travail.
Cependant, des défis subsistent, notamment en ce qui concerne la collaboration entre les bureaux d’études et les centres de formation, l’allongement de la durée des chantiers qui nécessite une organisation harmonieuse prenant en compte les calendriers de formation. De plus, il est nécessaire de mettre en place des mesures incitatives telles que la réorganisation du temps de travail des formateurs et tuteurs, ou l’octroi de primes éventuelles pour les formateurs et tuteurs impliqués dans ces nouvelles activités, en raison du travail supplémentaire que ces chantiers pourraient occasionner.
Malgré ces défis, les chantiers-écoles sont largement appréciés par les centres partenaires de FoRCE et sont déjà un succès en termes d’amélioration de l’employabilité des jeunes formés et de la qualité des livrables par les centres. Ils demeurent donc des outils essentiels pour la formation professionnelle des jeunes et leur insertion future sur le marché du travail.
Cyrille Hounkpatin, Responsable des services techniques du Centre de Formation Liweitari (CFL), s'engage pleinement dans l'application des règles de sécurité sur les chantiers. Il souligne : “Assurer le port des équipements de protection individuelle reste un défi quotidien pour le centre”.
L'interview de Cyrille met en lumière l'impact concret de ces chantiers-écoles sur la formation des jeunes. Il explique : “En maçonnerie, les apprenants acquièrent un large éventail de compétences, de la maçonnerie traditionnelle au ferraillage, en passant par le coffrage et la construction des murs. Dans le domaine de l'électricité, ils se familiarisent avec la lecture des plans, l'installation des tuyauteries et la mise en place de systèmes électriques. En Polymécanique (Mécanique générale et Soudure), les apprenants conçoivent et fabriquent des portes, des fenêtres et des charpentes, sous la supervision attentive de leurs formateurs.”
Les chantiers-écoles ont permis au CFL d'expérimenter de nouvelles techniques de construction durable, contribuant ainsi à la transition vers une économie plus verte. En outre, ces initiatives favorisent le développement de compétences sociales et l'employabilité des apprenants.
Quelques témoignages d'apprenants
“Les chantiers-écoles m'ont offert une occasion précieuse d'appliquer immédiatement mes connaissances en mécanique dans des situations réelles. Travailler sur des projets concrets m'a donné un aperçu du monde professionnel et m'a aidé à développer des compétences pratiques indispensables pour ma future carrière." Eunice, apprenante en Polymécanique, âgée de 20 ans.
“Les travaux de clôture ont été une véritable révélation. L'implantation s'est avérée être le défi majeur étant donné mon expérience limitée, mais avec des exercices réguliers, cela s’est amélioré. Ce chantier m’a permis de comprendre le travail d’équipe offrant ainsi à chacun l'opportunité de mettre en œuvre ce qu'il a appris." Jean, apprenant en deuxième année de Maçonnerie, âgé de 25 ans.
“Travailler sur le chantier a renforcé ma confiance, m'a permis de découvrir mes forces et mes intérêts, et m'a donné une vision plus claire de ce que je veux faire dans le futur. Mon rêve est d'ouvrir un centre de formation pour enseigner à des personnes qui ont des handicaps. Je sollicite l'aide d'un formateur maîtrisant le langage des sourds pour faciliter ma compréhension des cours théoriques. Je me sens valorisée et en sécurité dans ce centre.”
Le Programme de Formation Professionnelle et de Renforcement des Capacités pour l'Emploi (FoRCE) est financé par la Direction du Développement et de la Coopération (DDC) et mis en œuvre par Swisscontact.