Plusieurs acteurs sont impliqués dans ce processus chacun avec un rôle bien déterminé. Il s’agit : du producteur qui dépose son produit en garantie (maïs, soja, etc.), de l’Organisation Socioprofessionnelle qui met à disposition son magasin de stockage et qui joue aussi le rôle d’intermédiaire entre le producteur et l’IMF, de l’Institution de Micro Finance (IMF) qui octroie le crédit, de la Direction Départementale de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche pour l’inspection périodique des stocks, de l’acheteur, et du transporteur qui assure le transport du produit à la destination souhaitée par l’acheteur.
Ces différents acteurs concourent à la mise en œuvre du Warrantage qui passe essentiellement par six (6) étapes à savoir : la sensibilisation, la constitution des stocks de produits dans les magasins, la vérification des stocks par les IMF et la mise en place du crédit, le suivi et l’inspection des stocks, la négociation de marchés et le destockage et enfin, l’évaluation de la campagne. Par ailleurs, en ce qui concerne les modalités de constitution de stock, les produits sont conditionnés dans des sacs de 100 kg et le crédit à mettre en place par sac tient compte : i) des séries de prix des années antérieures, ii) du prix du marché au moment de l’opération, iii) de la tendance espérée, iv) du différentiel de prix attendu lors du déstockage.
Soumanou Darigui est membre de la coopérative villageoise des producteurs de Bori à N’Dali (Nord-Est Bénin). Lors de la campagne 2019-2020, il a bénéficié de l’accompagnement de l’Union Communale des Producteurs de N’Dali pour stocker sa production et obtenir un prêt en vue de satisfaire les besoins de sa famille. « J’avais mis en warrantage 43 sacs de 100 kg de maïs ce qui m’a permis d’obtenir un crédit de 380 000 FCFA (633.33 CHF) auprès d’une institution de microfinance soit près de 9 000 FCFA (15 CHF) par sac déposé. Cet argent m’a permis d’aider ma femme à poursuivre sa transformation de soja en fromage, à payer 8 têtes de mouton que j’ai engraissées pour la tabaski puis à payer les fournitures et la scolarité de mes deux enfants » explique Soumanou.
Ce crédit mis en place par sac n’excède pas 80% du prix du marché au moment de l’opération. Pour mieux réussir l’approche d’intervention, le programme a également appuyé Soumanou et les autres bénéficiaires à renforcer leurs capacités sur les techniques de stockage et de conservation leur permettant de limiter considérablement les pertes liées au mauvais entreposage. Pour des raisons de sécurité et de transparence, les trois clés d’accès au magasin sont partagées entre le comité de gestion du magasin, l’institution de microfinance et l’Union Communale des Producteurs (UCP).
Amélioration de revenus
Au moment de la soudure, Soumanou déstocke, rembourse le prêt grâce à la vente de la production et conserve la marge dégagée par ses activités génératrices de revenus et par l’augmentation de prix intra annuelle. « Cinq mois plus tard, le prix du maïs est passé de 12 500 FCFA (20,83 CHF) à 23 000 FCFA (38,33 CHF) par sac. J’ai alors déstocké, vendu et remboursé intégralement le crédit reçu avec les intérêts. Cette opération m’a permis non seulement de mener des activités génératrices de revenus mais aussi de faire un bénéfice de près de 505 000 FCFA (841,67 CHF) après la vente de mon maïs. C’est donc une très bonne opération pour moi et les autres producteurs qui utilisent le crédit warrantage. Je remercie le programme PASDeR pour cette opportunité ».
Le warrantage permet de lutter contre le bradage des produits vivriers et l’insécurité alimentaire ; de faciliter l’accès aux crédits et la sécurisation des prêts octroyés par les institutions de microfinance ; et d’améliorer les revenus des producteurs et le bien-être des populations. De 2017 à 2020, le PASDeR a appuyé la mise en place d’un montant total de crédit de 803 005 800 F CFA (1 338 343 CHF) dans les communes de l’Alibori (voir Tableau). Il a également permis aux collectivités locales bénéficiaires d’améliorer la mobilisation de leurs ressources propres, à travers le prélèvement des taxes de développement local sur les produits stockés et vendus.
Le Programme d'appui au Secteur du Développement Rural (PASDeR) est financé par la Direction du Développement et de la Coopération (DDC) et mis en œuvre par le consortium Swisscontact-LARES.