Cette rubrique propose à certains des partenaires clés de Béninclusif d'exprimer leur opinion sur le rôle de facilitateur du projet.
"L'approche des marchés inclusifs utilisée par le projet a permis de comprendre et de remédier aux causes profondes des problèmes rencontrés par les acteurs de la filière", Crésus Adisso, Directeur des Programmes, ATDA Pôle 5.
L'ATDA assure la gestion au sein de chaque Pôle de Développement Agricole (PDA), relevant du Ministère de l'Agriculture, de l'Élevage et de la Pêche. Son rôle est d'harmoniser l'approche filière et territoriale, de sélectionner les filières prioritaires, d'intervenir sur les maillons essentiels des filières et de renforcer les relations entre les acteurs. Elle forge également des partenariats stratégiques pour résoudre les défis rencontrés par les différents acteurs du secteur agricole, ce qui en fait un partenaire clé pour les Marchés Inclusifs au Bénin dans le domaine des agrumes.
Monsieur Crésus Adisso, quel est le problème que Béninclusif vous aide à résoudre et comment cela profite-t-il à l'ensemble du sous-secteur agrumes ?
CA : Au Bénin, plusieurs variétés d’agrumes sont produites dans les départements du zou et du couffo. Mais toutes ne sont pas aptes à la transformation en jus du fait de leur qualité, ce qui limite la vente des agrumes aux marchés de consommation. Pour pallier cette difficulté, le projet Béninclusif a accompagné l’ATDA5 dans la mise en œuvre de plusieurs actions dont l’élaboration d’un Règlement Technique Annexe (RTA) Agrumes qui encadre la production, le contrôle de qualité, la certification et la commercialisation des plants greffés d'agrumes. De plus, ce projet a facilité l’identification, le marquage et le géoréférencement de 660 arbres-mères pour la production des porte-greffes d’agrumes. Aussi, a-t-il soutenu la sélection de 74 pépiniéristes et la formation d’une première vague de 37 d’entre eux pour la production de plants greffés d’agrumes. Toutes ces actions concourent à l’amélioration de la variété locale d’agrumes pour la production de jus de qualité.
Le projet contribue à la promotion de la filière à travers d’autres actions notamment la promotion des intrants organiques (biofertilisants et biopesticides respectueux de l’environnement) et l’élaboration des plans d'affaires au profit des producteurs d'agrumes. L’objectif de cette élaboration est d’obtenir des financements destinés à améliorer l'irrigation des vergers et à moderniser les installations de transformation de jus d'orange, et ceci avec le soutien du Fonds National de Développement Agricole à travers son guichet N°3.
Comment avez-vous ressenti le soutien de l'équipe Béninclusif ?
CA : Le soutien de l'équipe du projet a été remarquable. Son implication a été cruciale pour la mise en œuvre réussie des initiatives de promotion de la filière agrumes. Sa participation active aux sessions du Cadre de Concertation des Acteurs des Filières de l’Arboriculture Fruitière (CCAFAF) du Pôle 5 a été particulièrement bénéfique. La collaboration de l’ATDA 5 avec l’équipe a permis au projet de soutenir financièrement la mise en œuvre de plusieurs activités du plan d'actions de ce cadre. De plus, l’équipe a joué un grand rôle dans la création de clusters facilitant ainsi les liens d’affaires entre les organisations des producteurs, les transformateurs et les commerçants. L’équipe a donc démontré un soutien solide et constant tout au long de ce processus, ce qui impacte positivement les résultats de l’Agence.
A votre avis, quels sont les avantages de l'approche des marchés inclusifs du projet Béninclusif ?
CA : L'introduction de l'approche des marchés inclusifs dans le projet a permis de comprendre et de remédier aux causes profondes des défis rencontrés par les acteurs de la filière arboriculture fruitière. En renforçant les compétences des parties prenantes et en favorisant l'accès au marché, le projet stimule l'innovation et la création d'emplois au sein de la communauté. Cette approche plus systémique est porteuse d’une durabilité certaine des interventions du projet.
Comment le secteur de l’arboriculture en particulier l’agrumiculture au Bénin va-t-il se développer dans les cinq prochaines années ?
CA : Dans les cinq prochaines années, le développement de l'agrumiculture au Bénin reposera sur l’engagement des acteurs à tous les niveaux. Avant toute chose, il convient de poser certains préalables indispensables à l’évolution de cette filière. Cela inclut une connaissance approfondie de la santé des vergers agrumicoles et une gestion efficace des maladies liées aux agrumes pour faciliter la sélection de nouvelles variétés et de méthodes de lutte peu coûteuses et respectueuses de l'environnement. Garant de la politique de l’Etat dans le secteur agricole, l’ATDA5 met en place un programme de certification et de production de plants d’agrumes exempts de pathologies.
Si ces préalables sont respectés, je vois à l’horizon 2030, un sous-secteur des agrumes relancé, soutenu par la production de plants greffés certifiés d’agrumes par des pépiniéristes spécialisés, l'installation de nouvelles plantations d’agrumes, avec une promotion de variétés adaptées aux conditions climatiques locales. Ce sous-secteur, en plein essor, bénéficiera de l'irrigation facilitée par un accès accru au financement agricole, offrant des fruits de qualité aux usines de transformation qui à leur tour, distribueront une gamme diversifiée de produits finis sur les marchés régionaux et internationaux. Enfin, mon rêve est de voir émerger une filière agrumicole structurée et compétitive, pilotée par une interprofession dynamique.
Ce projet fait partie du programme de développement de Swisscontact, cofinancé par la Direction du Développement et de la Coopération Suisse (DDC), Département Fédéral des Affaires Etrangères (DFAE).