Le Point de Vue de l’ONG «CANAL DEVELOPPEMENT » sur sa collaboration avec le PASDeR3  

Des partenaires locaux forts sont la clé de tout projet de développement. C'est encore plus évident pour les collaborations étroites relatives au financement agricole. L’ONG Canal Développement est une institution locale active dans le développement rural. Elle a une meilleure connaissance des réalités et exigences du développement agricole en milieu rural. Son expérience et son professionnalisme pour le suivi rapproché des promoteurs dans la réalisation des microprojets lui ont permis d’accompagner les organisations socio-professionnelles dans la mise en œuvre efficace et correcte du Fonds de Facilitation d’Accès au Financement Rural (FAFiR)

Depuis 2013, elle entretient un partenariat innovant avec le PASDeR et est convaincu que le financement reste aujourd’hui la clé du développement de l’agriculture.     

1- M. Garba, quel est le défi que le Programme d’Appui au Secteur du Développement Rural (PASDeR) accompagne votre structure à relever et comment cela profite-t-il à l'ensemble du secteur agricole ?

IKG : Le partenariat avec le PASDeR a pour objet l’accompagnement des Exploitations Familiales Paysannes (EFP) bénéficiaires du programme pour leur accès facile au financement agricole. A cet effet, l’ONG joue le rôle de facilitateur d’accès au financement à travers trois (03) mécanismes :

• la mise en œuvre du Fonds de Facilitation d’Accès au Financement Rural (FAFiR) qui est propre au programme PASDeR. Ce fonds compétitif permet de renforcer les capacités des EFP à saisir des opportunités de financement du secteur agricole. Sa mise en œuvre, en tant qu’instrument de financement des chaînes de valeur agricole, comporte une dimension apprentissage pour les acteurs communaux intervenant dans le domaine agricole, car il facilite leur accès à d’autres financements de bailleurs de fonds et des Systèmes Financiers Décentralisés (SFD). Il permet aussi aux EFP d’accéder facilement aux intrants agricoles, à travers une collaboration avec les fournisseurs d’intrants et les institutions financières.
• l’accompagnement des EFP pour l’accès aux différents guichets du Fonds National de Développement Agricole (FNDA). Il s’agit pour l’ONG d’appuyer les promoteurs de projets agricoles dans le montage et la présentation de leurs plans d’affaires aux guichets 1 et 3 du FNDA en vue de leur financement.

la mise en relation des EFP avec les Systèmes Financiers Décentralisés (SFD) qui sont des institutions financières classiques opérant dans la Zone d’Intervention du Programme (ZIP). Il s’agit de l’accompagnement des EFP à présenter et défendre des activités agricoles bancables aux SFD, l’appui à la constitution des dossiers de demande de crédits et leur suivi.

2- Quel est le processus d’accompagnement technique des promoteurs ?

IKG : Le processus d’accompagnement technique des promoteurs de projets agricoles comprend généralement trois (3) phases à savoir : (1) avant le financement, (2) pendant le financement et (3) après le financement.

3- Quels sont les avantages comparatifs avec d’autres processus dont vous avez connaissance ?

IKG : C’est un processus intégré, car il prend en compte toutes les phases de développement de l’EFP et permet son accompagnement de bout en bout. Il associe l’institution financière à toutes les étapes de l’accompagnement, lui permettant non seulement d’être correctement informée sur la situation de l’EFP et le type de financement adapté à son activité, mais aussi d’être rassurée pour les questions de suivi du crédit et de sa bonne gestion. Pour le cas spécifique du FAFiR, le fait de faire transiter les subventions des promoteurs par les SFD et de les associer à toutes les étapes du processus contribuent à créer un réel partenariat entre ces institutions et les promoteurs, ce qui facilite la transformation de ces derniers en de véritables clients des institutions à la fin du cycle de leurs projets subventionnés. Grâce au mécanisme FAFiR, nous avons pu transformer 531 promoteurs (85% des promoteurs subventionnés), en clients des institutions financières partenaires, et ceux-ci continuent par mettre en œuvre leurs activités grâce aux crédits qu’ils obtiennent.

4- A votre avis, comment le financement rural/agricole au Bénin va-t-il se développer dans les cinq prochaines années ?

IKG : La barrière qui existe entre les institutions financières et les producteurs agricoles est en train d’être levée à petit coup. Les producteurs ont désormais compris que les institutions financières peuvent leur faire des crédits adaptés à leurs besoins à condition qu’ils présentent de bons projets bancables. Les institutions financières aussi sont en train de comprendre qu’elles peuvent faire des affaires avec les producteurs agricoles, quelle que soit la taille de leurs exploitations. Par conséquent, il y a un avenir meilleur pour le financement agricole au Bénin.

Cependant, certaines préoccupations telles que le suivi technique des activités des producteurs, le suivi financier de la gestion des crédits obtenus et la formation restent d’actualité. Ces préoccupations ne peuvent trouver de solutions que grâce aux services des Prestataires de Services Non Financiers (PSNF), surtout dans un contexte de désengagement de l’Etat et de manque ou d’absence de spécialistes en financement agricole au sein des institutions financières.

L’autre question à laquelle il faut trouver de solution dans l’avenir est celle de l’assurance agricole, qui pourra rassurer les institutions financières apporteuses de financement, et surtout les producteurs agricoles qui sont le maillon faible de la chaine en cas de catastrophes.