La recherche appliquée au profit de la provende industrielle locale

Agriculture durable
10.06.2022
L’un des défis auquel fait face le développement de la pisciculture au Bénin est l’alimentation des poissons. Jusqu'à présent, la plupart des aliments sont importés. Pour offrir une alternative locale qui puisse être compétitive sur le marché, les producteurs locaux devront donc innover. L'une de ces innovations, dont on pense, aura un impact important sur le prix est la substitution de la farine de poisson, très coûteuse, par la farine des larves de mouche soldat noire (LMSN).
Les Larves de Mouche Soldat Noire (LMSN)

Il est démontré que ces larves constituent une importante source de protéines et renferment presque tous les acides aminés essentiels. Pour relever ce défi, le projet Béninclusif facilite plusieurs collaborations entre des acteurs de la recherche et des entreprises privées qui commercialiseront les résultats. Ce type de collaboration ciblée en matière de recherche appliquée est rare dans l'économie béninoise et le projet espère que leur éventuel succès suscitera l'intérêt d'autres acteurs privés à se rapprocher des universités et des centres de recherche du pays.

Améliorer la qualité de la provende industrielle locale

L'un des partenariats facilités par Béninclusif se déroule entre l’Ecole d’Aquaculture (EAq) de l’Université Nationale d’Agriculture et la Ferme Agro Pastorale de la Vallée (FAPV). Cette entreprise, partenaire du projet, avait été assistée en 2020 dans l’évaluation de la qualité de la provende industrielle qu’elle produit. Pour améliorer davantage cette qualité,  l’EAq  travaille pour la mise au point des formules alimentaires afin d’incorporer la farine de LMSN en substitution totale à la farine de poisson. La collaboration avec l’EAq est unique et bénéfique pour cette entreprise car elle lui permettra d’améliorer la qualité de sa provende, de réduire le coût de production et de fournir une provende compétitive par rapport à celle importée.

Le deuxième partenariat concerne l'Université d'Abomey-Calavi (UAC) et la société privée Leman SARL. Pour cette dernière, la collaboration avec une institution de recherche est essentielle afin de garantir la qualité de leur produit. Ils ont décidé d'entrer en contact avec l'UAC avant même de développer un premier échantillon d'aliment. Cela leur permet d'être sur la bonne voie dès le début.

Le site de Leman SARL avec la ligne de production

Tous les deux partenariats visent à développer des formules d'alimentation pour le tilapia, qui est le plus populaire poisson produit localement. Une troisième collaboration en cours d'installation associe l’entreprise AGRO PREMAL FOOD et vise à développer une alimentation basée sur les LMSN pour le Clarias gariepinus, qui est le deuxième plus important poisson élevé localement.

L’amélioration de la formulation de la provende locale par les acteurs de recherche permet de résoudre les problèmes de qualité grâce à un travail sur les doses optimales de ses éléments nutritifs. Elle garantit donc une provende sans danger, nutritive en quantité suffisante pour couvrir les besoins alimentaires des poissons, permettant ainsi d’améliorer la productivité piscicole. Après le développement et le test de ces nouveaux produits, le projet prévoit faciliter leur mise en marché.

Un effet secondaire attendu de ces collaborations est que les producteurs locaux de LMSN, comme le partenaire du projet Central West Africa Consulting (CWAC), profiteront d'une demande accrue de leurs larves, ce qui leur permettra d’accroitre leurs capacités de production, d’augmenter leurs revenus et de créer des emplois.

Le poisson chat africain (Clarias gariepinus)
Le tilapia
2021 - 2024
Bénin
Agriculture durable
Béninclusif - Marchés dynamiques des produits agricoles durables
Le projet a pour objectif principal d’améliorer les conditions de vie des familles des exploitants en favorisant la dynamique du marché. Par une approche de systèmes inclusifs, il se concentre sur les marchés et les écosystèmes agricoles qui sont peu développés au Bénin. Dans sa première phase (2021-2024), un accent particulier sera mis sur la pisciculture et l’agrumiculture, deux secteurs à fort potentiel promus par le gouvernement béninois.