Grand Interview 
avec Alex Aitken et Norman Schadow

Tourisme durable
04.07.2022
Dans le cadre du déploiement du 3ème pilier du Programme Tourisme Durable Suisse Maroc « Le développement des compétences en matière touristique »; Swisscontact a fait appel à deux instructeurs, Alex Aitken et Norman Schadow, de la Swiss Outdoor Association (SOA) https://www.swissoutdoorassociation.ch/fr pour tenir une formation sur la pratique du rafting. Ces deux instructeurs ont une longue expérience dans la formation et la certification au niveau international. 

La SOA est l'une des organisations de rafting les plus réputées en Suisse. Pourriez-vous présenter cette association avec ses compétences et qualifications ? 

La SWISS OUTDOOR ASSOCIATION (SOA) est une association de sociétés qui proposent des activités de plein air et d'aventure en Suisse. Notre objectif est de rendre les activités de plein air plus sûres pour tous les participants et de veiller à ce qu'elles soient réalisées de manière durable dans un cadre bien réglementé. La SOA représente ses sociétés affiliées dans la sphère politique et est particulièrement active dans le domaine de la réglementation des risques pour les activités de plein air. Elle facilite également la formation avancée, l'apprentissage et le transfert de savoir-faire entre ses membres. Ainsi, la SOA est l'organisme professionnel suisse représentant les activités estivales de plein air, incluant le rafting, le canoë, les activités sur corde, le canyoning, le saut à l'élastique et la spéléologie, et dispose de diverses qualifications dans ces activités.

 En mars, la SOA a donné une session de formation au Maroc. Comment évalueriez-vous les sites ? Quelles sont leurs spécificités ? Et quels sont les atouts des plans d'eau au Maroc pour pratiquer le rafting ? 

Le site de formation est excellent dans la mesure où vous pouvez faire du rafting  sur de nombreuses sections de rivière en fonction des différents niveaux d'eau. Des expéditions et des voyages peuvent être organisés sur des sections entre les classes 2 et 4. Une difficulté, tant pour la formation que pour l'organisation de voyages, est la dépendance à la pluie et à la fonte des neiges pour obtenir le niveau d'eau utile. Tout comme de nombreuses destinations dans le monde, il semble que la "saison" du rafting au Maroc soit particulièrement courte.

Votre expérience et votre expertise vous permettent de délivrer des diplômes. Quelle est la montée en compétences des 20 participants et quelles sont leurs perspectives dans ce métier ?

Contrairement à ce que nous pensions, les compétences des participants étaient très basiques avant le cours. Pas seulement dans le guidage et les sauvetages, mais également dans la façon de traiter avec les clients, en particulier les clients internationaux. Même si nous croyons et espérons que tous les participants ont grandement bénéficié de cette formation, ils sont encore loin d’avoir acquis les normes internationales des guides de rafting. Cela signifie que leurs perspectives de travail à l'international ne se sont pas abouties de manière significative. Nous ne pouvons pas juger de l'aide que cette formation pourrait apporter à l'emploi au Maroc. Je suppose que vous êtes meilleur juge des conditions d'emploi dans ce pays.

Quelles seraient vos recommandations pour mettre en place et lancer l'activité rafting au Maroc ?

Nous recommanderions de suivre davantage de formations contrôlées par une organisation professionnelle comme la SOA. Nous avons des réservations de formations avec la WRF qui semblerait contractualiser avec des guides même s’ils ne sont pas totalement formés. A long terme, cela implique deux faits majeurs :

  1. Sans formation correcte des guides, des accidents peuvent survenir et engendrer  la fin du secteur du tourisme d'aventure.
  2. S’essayant de trouver un emploi à l’international sur la base des qualifications WRF, les guides marocains, ne détenant pas officiellement les normes internationales requises, risqueraient de ne pas se faire employés en tant que guides de rafting.

De notre point de vue, il existe trois façons d'améliorer la situation :

  • Dispenser davantage de formations de qualité. A ce jour, cela n’a favorisé uniquement la participation. Les deux propositions suivantes requièrent plus d'efforts certes, mais permettent probablement d'obtenir des résultats plus durables.
  • Recruter pour la saison un directeur des opérations qui s’avère également être un bon instructeur. Cette recrue pourrait grandement participer à l’amélioration des normes du rafting mais également à la qualité des compétences des clients, à la communication, à la planification des voyages, à l'organisation, à la logistique, etc. L'ensemble du secteur en bénéficierait grandement.
  • Sélectionner des guides pour la réalisation de stages hors Maroc avec des sociétés établies. La mise en place d’un système structuré où les guides seraient attachés à ces sociétés sélectionnées durant quelques semaines leur permettrait tant l’apprentissage des compétences de rafting que la planification de voyages, la communication, la logistique, les compétences des clients, etc. Ces participants pourraient alors diffuser leur nouvelle expertise au sein de la communauté marocaine du rafting.

Autre point important : pour ne pas entraver toute entrée dans le monde international du rafting, il est indispensable que les futurs guides de rafting développent leurs compétences en anglais. 

Maroc
Tourisme durable
Programme Tourisme Durable Suisse-Maroc
Le programme " Tourisme durable Suisse-Maroc " vise à aider les provinces d'Azilal et de Béni Mellal à développer un tourisme durable avec des secteurs intégrés afin de réduire la pauvreté, générer des revenus, créer de nouveaux emplois et améliorer les emplois existants, en particulier pour les jeunes et les femmes.