4 Portraits - 4 Parcours au Mali

08.03.2016
La formation professionnelle, clé de la réussite

Présente depuis 1989 au Mali, Swisscontact intervient dans le domaine de la formation professionnelle à travers deux grands programmes qui visent aussi bien les populations urbaines que rurales : le ¨Programme d’Appui à la Formation Professionnelle¨ (PAFP) et le programme ¨Formation et Insertion dans le Bassin du Niger¨ (FIBANI).

Les formations professionnelles qualifiantes mises en oeuvre à travers ces deux programmes donnent l’opportunité aux bénéficiaires d’acquérir des compétences ciblées leur permettant de développer des activités économiques et d’améliorer leurs revenus.

»Depuis la formation, nous avons pu réduire les pertes de fruits jusqu'à 40%«

Transformation de mangues

Ténin Traoré pratique le séchage de la mangue dans la commune de Baguineda, région de Koulikoro, à 30 km de Bamako dans le sud du Mali. Une meilleure connaissance des techniques de transformation du fruit, lui permet d’aborder son activité sous un nouvel angle.

Les mangues sont un produit saisonnier, elles envahissent les vergers et les marchés d’avril à août. Le fait qu’elles arrivent à maturité simultanément et en très grande quantité représente la principale problématique de leur consommation.

Dans le cadre du programme FIBANI, le groupement Benkadi dont fait partie Mme Ténin TRAORÉ, a bénéficié d’une formation en techniques de transformation de la mangue. Perfectionnement au séchage, fabrication de confiture, jus et sirop lui ont permis de multiplier par 3 ses bénéfices saisonniers.

« Benkadi »

Exprime le bénéfice d’être ensemble en bambara, et le mot ne pouvait être plus juste pour ce groupement de 24 femmes. Suite à la formation, et après une première saison de mangues, ces dames ont fait un bénéfice collectif net de 225.000 Fcfa (370 CHF) contre une moyenne de 30.000 Fcfa (50 CHF) les années passées pour la seule transformation de la mangue. Leur réussite a attiré déjà quelques dames qui souhaiteraient être formées à leurs côtés et intégrer la coopérative ; les membres de Benkadi attendent toutefois d’asseoir convenablement leurs acquis avant d’ouvrir le groupement. Le groupement devrait bénéficier en 2016 d’une formation en techniques de commercialisation et de «marketing» afin de perfectionner les différents emballages et de présenter des produits attirants en vue d’une meilleure commercialisation. Toutes activités confondues, le groupement Benkadi a épargné 700.000 Fcfa (soit un peu plus de 1.500 CHF) et investi dans un wotoro, sorte de moto à 3 roues permettant le transport des mangues.

»Je suis fier de faire partie des premiers professionnels en aviculture de ma commune. C’est un soutien important pour les éleveurs.«

Soins vétérinaires de proximité

Tiékoura Dembélé est « secouriste villageois de volaille » depuis 2013 dans la commune de Koumantou dans le Sud du Mali. Il part à la rencontre des aviculteurs pour soigner leurs volailles, mais aussi les conseiller en matière d’élevage.

L’aviculture n’était pas l’activité première de M. Dembélé avant la formation, et les bénéfices des volailles qu’il élevait de manière aléatoire dans sa cour étaient un maigre complément à son activité de forgeron. M. Dembélé élevait jusqu’à 100 têtes par an, mais peu d’entre elles survivaient - entre 0 et 40 têtes en fonction des années - les autres mouraient emportées par les maladies qu’il ne savait ni identifier, ni soigner.

Tiékoura Dembélé vit avec ses 3 femmes et ses 15 enfants à Ména, un petit village de la commune de Koumantou dans le sud du Mali. Dans le cadre du programme PAFP, il a bénéficié d’une formation de secouriste villageois de volaille. Aujourd’hui, il va de village en village à la rencontre des aviculteurs.

Pour Tiékoura Dembélé, son activité de secouriste villageois de volaille est partagée entre 50% de soins aux animaux et 50% d’appui et de conseils aux éleveurs. La communication avec les aviculteurs est essentielle pour gagner leur écoute et les encourager à tendre vers de meilleures méthodes. Leurs principales demandes concernent le traitement des maladies qu’ils ne maîtrisent pas, et la gestion délicate d’une poussinière.

En cas de problématique compliquée, M. Dembélé n’hésite pas à se tourner vers son formateur avec lequel il a gardé un excellent contact, ou encore à consulter ses confrères. En effet, les 75 personnes formées en 2013 ont créé l’Association des Secouristes Villageois de Volaille de la commune de Koumantou, et se regroupent une fois par mois pour échanger sur leurs activités. Leur zone de travail s’étend aux 37 villages de la commune auxquels s’ajoutent les villages limitrophes qui ont sollicité les services de ces professionnels.

Quand la formation continue

Nombre d’aviculteurs de la région ont des pratiques aléatoires, une méconnaissance totale des soins médicaux, alimentaires et hygiéniques à apporter aux volailles. Face à ce constat, M. Dembélé a pris l’initiative de demander à Swisscontact une formation basique en aviculture à destination de 25 éleveurs qu’il a identifiés parmi ses clients. Celle-ci s’est déroulée en 2014. M. Dembélé a été lui-même recommandé pour mener des formations similaires auprès d’aviculteurs de la région pour un autre projet porté par 2 organisations non gouvernementales : Handicap International et SNV. Une première session a eu lieu dans sa cour en août et septembre 2015, d’autres sont prévues pour 2016.

»Il y a un an j’étais une charge pour ma mère, je ne savais rien faire. Aujourd’hui j’ai un travail, un salaire, et le respect des gens."«

Plomberie

Abdoulaye Dembélé a 23 ans et vit à Sévaré dans la région centre du Mali. Aîné d’une famille de quatre

enfants dont le père est décédé, il assure les charges du foyer avec sa mère grâce à son nouveau métier : plombier.

Alors que sa mère s’échinait au travail avec divers petits commerces pour subvenir aux dépenses familiales, Abdoulaye Dembélé restait assis toute la journée à discuter avec ses amis. Avec un Diplôme d’Etudes Fondamentales (DEF) obtenu tardivement, le jeune homme n’avait pas eu la possibilité de suivre un apprentissage et n’avait pas non plus les moyens de financer son entrée au lycée. Abdoulaye a alors sauté sur l’occasion d’acquérir des compétences professionnelles à travers la formation PAFP pour pouvoir enfin entrer dans le monde du travail.

Abdoulaye DEMBÉLÉ est un jeune homme trop vite sorti de l’école. Il passait ses journées à boire le thé avec ses amis sans perspective d’emploi à l’horizon. La formation en plomberie sanitaire proposée en 2014 dans le cadre du PAFP a propulsé le jeune homme dans la vie active.

Avec son activité professionnelle, Abdoulaye voit l’avenir différemment, que ce soit sur le plan professionnel, personnel ou social. Il a pris conscience que c’est maintenant qu’il doit poser les jalons de son futur. Son rêve est de créer son propre atelier pour pouvoir développer son activité comme il l’entend et pouvoir à son tour former d’autres jeunes, mais aussi assurer sa situation financière, se marier et avoir une vie de famille confortable.

»Je suis fière de perpétuer cette activité familiale avec une approche moderne et organisée.«

Embouche bovine

Mafili Bocoum pratique l’élevage bovin dans la région de Ségou au centre du Mali. Un héritage familial que cette mère de famille de 41 ans a transformé en une véritable activité professionnelle.

Mariée et mère de trois enfants, Mafili BOCOUM est peulh, une ethnie traditionnellement tournée vers l’élevage. Dans sa famille, on élève les vaches de génération en génération. Suite à la formation organisée en 2014 dans le cadre du programme FIBANI, cette femme dynamique a fait de cet héritage traditionnel son métier.

Fille d’éleveur et de boucher, Mafili Bocoum a toujours eu une ou deux vaches dans sa cour. Pourtant, son activité principale était le commerce de tissu bazin et de matériel ménager, les quelques bénéfices de la vente des vaches n’apportant qu’un petit bonus à la caisse familiale. Deux fois par an et grâce aux bénéfices de son commerce, elle achetait 2 vaches qu’elle élevait 5 mois avant de les revendre. Les 2 vaches lui coûtaient alors 265.000 Fcfa (437 CHF environ) à l’achat pour lesquelles elle engageait près de 120.000 Fcfa (198 CHF environ) de frais pour l’alimentation, les soins et les interventions vétérinaires. Cinq mois plus tard, elle revendait les animaux pour 540.000 fcfa et dégageait alors un bénéfice net d’environ 155.000 Fcfa (255 CHF).

Mafili Bocoum s’est consacrée à l’embouche bovine et a réalisé 3 cycles en 1 an, alors qu’elle se limitait à 2 auparavant. Depuis la formation, elle gère entre 2 et 5 têtes par cycle. En 2015, elle a réussi à diviser par 2 les frais globaux d’embouche par animal et à augmenter les prix de vente de ses boeufs de près d’un tiers. Au final, elle a réalisé en 2015 un bénéfice net de 1.630.000 Fcfa (2.700 CHF) contre 320.000 Fcfa (530 CHF) l’année précédente.

Les bénéfices issus de l’élevage de Mme Bocoum ont largement augmenté et lui offrent aujourd’hui l’opportunité de voir ses ambitions futures à la hausse. En effet, son mari et elle ont tous deux réuni leurs économies pour acheter une parcelle de terre à l’extérieur de la ville, afin de l’aménager en espace dédié à l’embouche bovine. Ils y ont déjà creusé un puits et entamé la construction de la clôture et d’une petite maison. L’objectif de Mafili Bocoum est de pouvoir acheter 15 vaches afin d’entrer dans des cycles de rentabilité plus importante. Swisscontact s’est d’ailleurs engagé à financer la construction du hangar qui abriterait ces vaches une fois tous les autres travaux terminés.

Les deux programmes sont financées par le Royaume des Pays-Bas, le Royaume du Danemark et la DDC Suisse