Les futurs entrepreneurs au Tchad - Formation et Insertion des jeunes au Tchad

Education et formation initiales et continues, Insertion au marché du travail
25.11.2020
Le projet Formation et Insertion des jeunes au Tchad (FORMI) a pour objet de promouvoir l'employabilité, l’emploi et surtout l’auto-emploi de la masse des jeunes garçons et filles exclus du système formel de l’ETFP, grâce au développement de leurs compétences professionnelles à la fois techniques et entrepreneuriales, tout en les accompagnant dans leur parcours d’insertion socio-professionnelle et ce, à travers la conception et la mise en place de dispositifs de formation et d’insertion professionnelles.

NDESSAIN SABINE est une jeune dame (née le 16 Mai 1987) à Sarh au Sud Est (800 kilomètres) de N’Djamèna la capitale du Tchad.

Elle habite au quartier « Kassaï », non loin du CETP (Centre d’Enseignement Technique professionnel) de Sarh où elle a suivi une formation initiale professionnalisante en maçonnerie, de février à juin 2019, en s’y rendant à pied.

Ayant abandonné ses études secondaires en classe de 2nde, elle s’adonnait au « petit commerce » à travers la vente saisonnière de mangues en détail.

Vivant avec ses parents, Sabine a entendu parler du projet FORMI au moyen de la sensibilisation faite par les chefs de quartier. Elle s’est alors rendue au lieu indiqué d’inscription où elle s’est prêtée au test à l’issu duquel elle a finalement été retenue pour suivre la formation.

Le métier de « maçon » la fascinait par ce qu’elle trouvait que c’est un métier d’homme et c’est ce qui l’a motivée pour prouver aux autres que les femmes peuvent, si elles le désirent, pratiquer ce métier. Elle voulait donc, par son opérationnalité dans ce métier, briser cette sorte « d’idée reçue » fausse, ce cliché qui tendait à exclure les femmes de ce métier qui leur est pourtant accessible. 

Au bout des quatre mois et demi de formation, elle estime avoir développé une large connaissance des mots techniques et une certaine maîtrise des différentes parties du métier. Cela est important et utile pour elle car à présent, elle est régulièrement sollicitée pour des petits travaux de maçonnerie. A travers ces « prestations », elle gagne en moyenne 2.500FCFA (environ 5F suisse) quotidiennement. Ce revenu lui a permis de rebâtir sa chambre, jadis en « terre battue » et qui était en voie de s’écrouler après la dernière saison de pluies (juin-septembre). Cela lui permet aussi de couvrir ses petits besoins de femme (savon et crème).

Au-delà de la survie, avec l’argent qu’elle gagne, elle a commencé à renouveler son petit outillage (truelle, taloche, auge, Burin, marteau, etc.) qui s’est détérioré durant le stage après la formation (3 mois de 2019 à 2020). Avec cela, elle répondra mieux à d’autres prestations qui se présenteront à elle comme opportunité.

Comme aspiration, elle souhaite devenir une « grande entrepreneure », qui réalise de grandes œuvres de type aéroport et monuments, afin de servir d’exemple à d’autres filles qui voudraient s’engager dans des « métiers d’hommes » mais qui hésitent à cause de certaines préjugées qui inhibent l’estime de soi.

DJEDOUBOUM HUBERT GOTYO est un jeune tchadien, né le 15 janvier 1988 à Sarh au Sud Est (800 kilomètres) de N’Djamèna la capitale du Tchad.

Habitant au quartier « Maïngara », un quartier mitoyen de celui du CETP (Centre d’Enseignement Technique professionnel) de Sarh, il a eu la chance d’être retenu pour suivre une formation initiale professionnalisante en maçonnerie, dans ledit centre, de février à juin 2019, où il se rendait à pied.

Hubert avait par le passé suivi une formation en « mécanique générale » au collège technique industriel de Sarh. Mais faute de débouchée d’insertion après cette 1ère formation technique, il a du s’interroger pour finalement décider de se réorienter, notamment en ayant été inspiré par son père qui était un formateur en maçonnerie.  Il a eu l’information relative au projet FORMI au moyen du communiqué de sensibilisation diffusé sur les ondes de la radio locale.

Vivant en couple, il a en charge 4 enfants, ce qui accroissait sur lui l’impératif de trouver un travail qui lui permettrait de prendre en charge sa famille. Il estime, avec le recul que ce choix opéré est payant car, depuis la fin de sa formation en maçonnerie, il est fortement sollicité pour des travaux. Cela n’est pas pour lui déplaire car il en tire des revenus substantiels utilisés à la fois pour la survie au quotidien mais aussi investis pour avoir des matériels et équipements nécessaires au métier de maçon.

Au terme des quatre mois et demi de formation, il a effectué un stage de perfectionnement dans une localité située à 150 kilomètres de Sarh (Moïssala). A l’issue de ce stage, l’entreprise auprès de laquelle il a été déployé lui a proposé une prestation d’un mois rémunéré à 2.500FCFA (5F suisse) journalièrement. Ce revenu a été utile pour la prise en charge de sa famille restée à Sarh.

Présentement, il a eu un « contrat » pour la construction de 5 magasins de la part d’une société de construction. Pour ce faire, il a recruté 9 tâcherons sur lesquels il s’appuie. Hubert aimerait avoir, à court terme, un contrat comme travailleur salarié. Ceci lui permettra de faire ses preuves et d’être progressivement rémunéré à juste titre. Mais son objectif à moyen terme est de créer sa petite entreprise de construction. Si ce projet venait à voir le jour, il ne tarderait pas à avoir des contrats intéressants car pense-t-il, il connaît déjà ce milieu de construction, ayant été dans un passé récent tâcheron. Cette « expérience » lui facilitera l’ouverture de ce marché prometteur. Pour ce faire, il compte sur l’accompagnement à l’insertion de FORMI.

A plus long terme, au-delà de la survie, Hubert compte, au moyen de l’entreprise qu’il créera, être actif dans la réalisation des « grandes œuvres », en se spécialisant sur certains types de travaux, comme les dalots utilisés lors des constructions des routes.